Writing (In Progress)

Un commissariat au nord de l'Europe, Alice, une gamine de douze ans qui vient porter plainte contre sa mère parce qu'elle « tue des gens ». Même ville, Hugo Cornélius Toorop qui a participé au conflit yougoslave vit dans la clandestinité, sous des identités d'emprunt et s'évertue à rester discret. Il rencontre Alice, échappée des griffes de sa mère, déesse sanglante à la tête d'un immense trafic de snuff movie. Pourchassés par les tueurs d'Eva, la mère meurtrière, ils traversent l'Europe dans l'espoir de retrouver le père d'Alice, censé être mort et qui pourtant a continué d'écrire à sa fille.


C'est en 1993 que le Français (ou dois-je dire Canadien maintenant) publie son premier roman, ce Sirène Rouge et fait une entrée pour le moins remarquée, se plaçant d'emblée dans la cour des grands. 

En relisant ce premier roman (ce que je viens de faire avec toujours le même plaisir), on se rend compte à quel point, tout en restant à des années lumière de ses livres suivants, il contient déjà toutes les bases de son univers à venir, à commencer par son personnages principal (fétiche?) Hugo Toorop, mercenaire désabusé, revenu de tout et qui devient du jour au lendemain Baby Sitter d'une fillette qui lui est littéralement tombé dessus. S'en suivra une longue et haletante course poursuite à travers toute l'Europe, une horde de tueurs sans merci aux trousses. 

Ici, pas encore de SF, que du polar. Du pur et dur et noir, très noir à la limite du nihilisme. Certes l'auteur ne réinvente pas le genre, il n'en aspire visiblement pas et au contraire embrasse tous ses codes avec un plaisir évident. Pourtant, sous ce vernis de grosse machine bien huilée on devine tout de suite la personnalité affirmée d'un auteur qui en gros sur la patate et qui, déjà, ne se prive pas de faire de longs discours pontifiants par la bouche de son personnage principal. Une constante chez Dantec, même si on ne pourra pas toujours être d'accord avec ce qu'il dit. Il s'en donne aussi à cœur joie dans le portrait d'une société bien sous tous les rapports en apparence mais gangrenée par le mal et cachant une face hideuse où pue la mort et l'horreur. Tout y passe: Meurtres, snuff Movies, trafic d'humains, les ingrédients habituels de Dantec en somme. 

Par moment, cette description peut paraître poussive, mais c'est bizarrement cet acharnement de l'auteur à nous prendre par les cheveux et à nous forcer de regarder en face l'horreur qui fait que ce premier roman sorte du lot des polars écrits à la chaîne. De plus, le bougre est sacrément doué pour boucler une trame diaboliquement addictive, bourrée de suspense et d'action. Autant d'éléments qui font que ce ''Sirène Rouge'' soit un livre à conseiller vivement et un élément important pour comprendre le phénomène Maurice G. Dantec. 

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