
En plein hiver 2002, une jeune femme traverse totalement nue en courant les rues de New York, comme si elle voulait fuir un danger imminent. Prise en main par la police, un examen médical montre qu’elle a été scalpée.
Spécialisée dans les disparitions, l’inspectrice Annabel O’Donnel mène l’enquête avec l’aide de son collègue et non moins ami, Jack Thayer. Très vite, ils repèrent le bâtiment où était retenue captive la malheureuse. Annabel s’y précipite, se retrouve confrontée au tortionnaire, Spencer Lynch, qu’elle blesse grièvement au cours d'une courte fusillade.
La fouille des lieux met au grand jour les clichés de soixante-sept personnes signalées disparues depuis les dernières années. Annabel comprend que son enquête ne fait que commencer, elle détient peut-être la clé d'une succession massive d'enlèvements.
Apparaît alors Joshua Brolin, à présent détective privé, engagé pour retrouver une jeune femme, Rachel Faulet. Celui-ci propose à Annabel de joindre leurs efforts dans leurs investigations qui révéleront peu à peu de macabres indices.
Jusqu'à présent j'avais toujours réussi à éviter Maxime Chattam, malgré les avis de tous mes potes et les ''Non mais t'es fou, lis-le c'est super bien!!''. Je n'ai rien contre le bonhomme (enfin pas grand chose quoi), mais je ne ressentais aucune urgence envers ses ouvrages. Un peu comme avec un Marc Levy, ou pire... un Guillaume Musso. Et puis voilà, un beau jour je tombe sur ce ''In Tenebris'', ou plutôt c'est ce dernier qui m'est tombé dessus, presque à l'insu de mon plein gré, et comme je me faisais chier je me suis dit pourquoi pas.
Et là, une révélation! j'ai été littéralement subjugué par la qualité du livre, happé par l'intrigue, séduit par les personnages. Tant et si bien que j'ai amèrement regretté de ne pas l'avoir découvert plus tôt, j'en ai eu presque les larmes aux yeux et je me suis promis d'acheter tous ses autres livres et....
Non, je déconne. Désolé.
Un mot qui me vient après avoir fini la lecture de ce livre, c'est ''Scolaire''.
In Tenebris est un bon thriller à l'américaine très bien agencé et assez efficace dans son genre. Le problème c'est que malheureusement, la présence de l'auteur y est beaucoup trop lourde. Je ne dirai pas qu'il en fait trop, mais on sent quand même derrière les pages qu'il y a un auteur et cet auteur s'applique visiblement à faire de son mieux pour goupiller son récit. On verrait presque sa langue tirée au coin de la bouche. Chattam s'applique donc. Et il connait très bien son boulot.
D'abord, son intrigue est très bien trouvée et très bien construite. Il sait aussi user de ses effets et de tous les ingrédients pour un bon thriller: Découpage court, comme au cinéma, décors froids et lugubres, action rapide et entrecoupée avec juste ce qu'il faut de parlote et le final est amené avec plus ou moins de brio. Rien à dire de ce coté là, surtout que le mec est super bien calé en criminologie, ses ''Killers'' sont donc l'un des atouts de ses thrillers, celui-ci compris. Cette qualité ne s'applique malheureusement pas à ses protagonistes.
Malgré ses efforts, je ne suis pas arrivé à éprouver la moindre empathie envers Annabel O'Donnel, son personnage principal, bien qu'il nous ait expliqué au moins cent fois que c'était une bombe sexy, une pro, mais qui souffrait d'un drame personnel qui la hante. Rien à faire, j'en avais rien à battre malgré toute ma bonne volonté. Idem pour son acolyte, Joshua Brolin, dépeint à chaque page comme un beau gosse aussi mystérieux que professionnel à chaque fois que je m'intéressais à lui, je bloquais sur son nom. Car enfin, merde, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'un auteur qui a la paresse de choisir un nom pareil, doit se foutre un peu de la gueule du monde (ou alors c'est de l'hommage). Je passerai aussi volontiers sur la relation entre Brolin et O'Donnel, pas crédible pour deux sous. Car c'est aussi ça le problème de Chattam/Drouot, quand il s'agit de livrer de l'action, des scènes glauques et des méchants vachement méchants, ça passe. Mais dès qu'on entre dans un cadre plus intimiste, lorsqu'il s'agit de faire aimer un personnage, là ça foire en long et en large. Toutes les scènes entre O'Donnel et Brolin puent le fake, même si j'en suis reconnaissant à l'auteur de l'avoir jouée Mulder et Scully plutôt que Romeo et Juliette.
Chattam n'évite pas non plus quelques fautes de gout dans la narration, mais aussi l'utilisation de grossière ficelles pour créer un faux suspens qui gâche vraiment le plaisir, l'équivalent littéraire de ''Oh, regardez là-bas, un éléphant rose qui fait du monocyle!" (exemple, la sous-intrigue bidon avec Brett Cahill). Il lui arrive aussi de se tirer une balle dans le pieds en faisant monter la tension sans pouvoir en être à la hauteur une fois les cartes dévoilées, comme par exemple cette ''Cour des Miracles'' qu'il nous décrit comme le septième cercle de l'enfer, mais qui au final se révèle n'être pas pire qu'une arrière cour au Queens avec étalages de Snuff, d'armes et de faux papiers. Passons aussi sur le thème général du livre (le consumérisme maladif de la société actuelle) que l'auteur insère à coups de forceps en cours de route, qui tombe comme un cheveu dans la soupe et qui n'apporte rien de bien pertinent, sinon une obligation pour l'auteur d'inscrire chaque tome de sa trilogie dans un thème particulier (In Ténébris et le deuxième Volet de ''La Trilogie du Mal'').
Le tout reste tout de même assez ''lisible'' si l'on est pas trop exigeant. Je ne ressens pas l'envie irrésistible de découvrir encore plus cet auteur, ni même de continuer cette trilogie. Mais pourtant je respecte totalement sa démarche, celle de se frotter au genre de front et d'essayer d'y apposer sa patte, celle d'embrasser tous les codes du thriller sans vouloir les bousculer... Je me dis qu'après tout, ce n'est pas moi qui aurait fait mieux dans le genre. Après, on aime ou on n'aime pas, c'est une autre histoire.
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