Stephen King revient sur les personnages et le territoire de l'un de ses romans précédents, Shining, l'enfant lumière. Le roman présente en effet Danny (le protagoniste de Shining), désormais adulte, et Abra Stone qu'il faut sauver de la tribu du Nœud Vrai, un groupe de voyageurs presque immortels qui traversent le pays en se nourrissant d'enfants possédant le Don. Après que Danny a rencontré Abra Stone, une guerre épique entre le bien et le mal débute.
Dans ses notes d'auteur en fin de livre, Stephen King insiste sur le fait que rien ne vaut la bonne grosse frayeur des premières fois, que rien ne vaut l'original (citant les suites de ''Psychose'' et comment les fans ne démordront jamais du fait que le tour premier était le meilleur, alors que King pensait que le 4 ème était tout aussi bon) et qu'en fin de compte, il fallait que nous gardions à l'esprit que l'homme qui a écrit ce ''Doctor Sleep'' n'est pas le même que celui du désormais classique ''Shining''.
Cet avertissement caché sous un vernis de badinage ordinaire n'est pas fortuit. Doctor Sleep est un roman faible et paresseux où le maître prend nos vessie pour des lanternes en nous offrant une suite parfaitement dispensable d'un roman ou tout avait été dit et avec brio. King soutient qu'il n'est plus le même qu'avant. Certes, mais nous non plus, on connait bien le vieux renard qu'il est, assez bien pour se rendre compte quand il essaye de nous refourguer n'importe quoi. Lent, prévisible, prenant une éternité à se mettre en place, l'auteur s'évertue à tisser une trame pas vraiment des plus attachantes et d'une linéarité à toute épreuve. Se faisant il usera des ficelles les plus grosses, s'appliquant à désamorcer tout enjeu dramaturgique et toute tension en choisissant la facilité (ainsi, on aura rarement vu des ''méchants'' chez King se prenant une raclée aussi facilement et aussi surement qu'ici).
Doctor Sleep est tout ce que Shining n'est pas. Là ou Shining mettait en scène un décor unique et singulier et limitait les personnages au minimum, tout en les soignant au maximum au profit d'une atmosphère prenante, poisseuse et flippante, Doctor Sleep lui accumule les personnages, les lieux et les sauts temporels sans que l'on puisse s'attacher à aucun, pas même le petit Dan Torrance. Même la petite Abra est un ersatz de sa ''Carrie'' (docteur Sleep serait-il aussi le prequel de Carrie en même temps que le sequel de Shining?) et franchement je me suis surpris à me foutre royalement de ce qui pouvait bien lui arriver.
Attention, ce n'est pas que le livre est une merde sans nom. Il est somme toute assez agréable à lire, c'est juste que ce n'est pas le livre qu'on nous a promis à coups de buzz et de conférences de presse aux quatre coins du monde, le ''retour à l'horreur viscérale qui prend au tripes''. Doctor Sleep aurait du être un livre indépendant et assumer plus ouvertement son côté ''série B", mais en tant que suite de ''shining'', j'aurais préféré qu'il ne soit jamais écrit.
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