Writing (In Progress)

Thomas et Lilly. Deux êtres marqués par l’horreur du meurtre violent d’un de leurs proches. Deux êtres brisés que rien ne destine à se rencontrer, dont la vie échevelée s’est déroulée d’alcool en internements, d’enquêtes en obsessions, de violences en dépressions. Pourtant, la vie – les hasards existent-ils ? – les réunit quand surgit le Tueur des rails, mythique psychopathe qui échappe à toutes les polices depuis des décennies, semant la mort au hasard de ses errances à bord de trains de marchandises…

Leurs forces et leur colère réunies, ils obtiendront enfin de lui les réponses qu’ils attendent depuis toujours… Mais les réponses n’ont pas toujours valeur de rédemption, et c’est dans l’enfer même du meurtrier qu’ils se verront happés, lui dont les actes prennent naissance dans l’Égypte antique et se lient au passage aux expériences scientifiques des nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Le Mal a une origine…


Sylvain Johnson n'a pas froid aux yeux: pour son premier Roman il s'attaque de front au Thriller psychologique, un genre rien de plus casse gueule car on a vite fait de sombrer dans le cliché et la formule éculée.  L'auteur s'en sort pourtant avec les honneurs. 

Un thriller tout d'abord, qui traite de ce tueur des rails, un mystérieux et insaisissable assassin qui sévit un peu partout au gré de ses errances. C'est pourtant en très mauvaise posture que nous le retrouvons: ligoté, menotté au fond d'un sous sol, il a été séquestré par les deux héros du livre, Thomas et Lilly, chacun voulant des réponses, des aveux pour la mort d'un de leurs proches (le frère du premier, la mère de la deuxième). Mais comme le dit bien le vieil adage: ''Care for What you wish, you just Might get it'' (oui, je parle anglais). 

Psychologique, ensuite, parce que malgré son pitch somme toute bancal, l'auteur transforme son histoire en un huis-clos oppressant et tendu ou il s'amuse à accumuler les faux semblants et à jouer avec le lecteur, de la même façon que la proie se joue de son geôlier. Car Shéridan, c'est le prénom du tueur, est bien plus complexe qu'il ne laisse paraître et son histoire est proprement fascinante et diablement originale. Oubliez donc vos idées préconçues sur les serial killers, pour la carte postale, on repassera. 

D'ailleurs, la principale force de ce roman réside d'abord dans ses personnages en béton, des gens ordinaires dont le chemin a croisé celui du tueur des rails et ou plus rien n'a été le même. Thomas et Lilly sont deux jeunes complètement bouffés par la vie depuis les sinistres meurtres incapables d'aller au delà sans au moins avoir de réponses. 

Le tueur des rails, c'est donc en plus du thriller réussi, un belle réflexion sur l'impossibilité deuil et surtout la mort. C'est le point commun entre les trois personnages, celui qui les unit même s'il ne s'en rendent compte que bien plus tard, réalisant du même coup qu'ils ont tous trois besoin l'un de l'autre: Lilly cherche des réponses pour faire son deuil et continuer sa vie, Thomas cherche des réponses pour comprendre, pardonner et avancer, quant à Sheridan, s'il donne lui aussi volontiers des explications c'est qu'il cherche la rédemption après un long et sanglant périple. 

Comme tout premier roman, celui-ci n'est pas exempt de défauts, même s'ils ne gâchent en rien le plaisir de le lire. Ainsi, malgré toutes les cartes en main et une trame en béton nous regretterons ce style très souvent hésitant et lisse, préférant la narration au détriment de l'action, causant parfois une certaine inertie. Le potentiel des histoires, principalement celle du tueur aurait gagné à être plus développée surtout que le roman est finalement assez court (198 pages). Bien heureusement, le tueur des Rails se lit vite mais bien et profite du talent certain de son auteur qui goupille avec brio un Thriller aussi palpitant qu'efficace. 

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