Writing (In Progress)


Lorsqu'un matin des cornes lui ont poussé sur la tête, Ig croit d'abord à une hallucination, un tour que lui joue son esprit rongé par la colère et le chagrin. Car depuis un an, depuis que sa petite amie a été violée et tuée dans de mystérieuses circonstances, il vit un enfer. Pourtant, les cornes sont bien réelles, et assorties d'un nouveau pouvoir qui incite quiconque s'approchant d'Ig à lui confier ses secrets les plus inavouables. D'abord torturé par ce macabre don, Ig a tôt fait de comprendre qu'il va pouvoir l'utiliser pour retrouver le monstre qui a assassiné Merrin et détruit sa vie. Il est temps de prendre sa revanche, de donner sa part au diable... Car en fin de compte, ce dernier ne nous comprend-il pas mieux que son éternel rival ?





Joe Hill aurait-il la ''carte''? Ceci expliquerait peut-être la tendance du public et de la critique à saluer chacun de ses livres comme un chef d'oeuvre absolu et une preuve supplémentaire de son talent, en insistant sur le fait qu'il tient surement ça de son père. Cornes, par exemple, son deuxième roman, en est une assez belle preuve. 

Le pitch est des plus intrigants, un homme se réveille avec des cornes et avec, des pouvoirs peu communs, voir même vachement flippants: tous ceux qui les voient déballent illico leurs secrets les plus enfouis et les plus inavouables. Des pouvoirs qui tombent plutôt bien puisque l'homme en question est accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, celui de sa fiancée. Sur ce postulat, Cornes fonctionne ''diablement'' bien durant les cent premières pages et dépeint des situations cocasses, dérangeantes baignées dans une atmosphère fantastique accrocheuse. 

Un premier volte face est amorcé lorsque l'auteur décide de laisser son héros en plan et d'effectuer des flash-backs vers l'adolescence de ses protagonistes. Intervalle assez conséquent en terme de longueur qui n'est pas désagréable, rappelant même les meilleurs moments de ''ça'', surtout lorsqu'il décrit les premiers émois amoureux du héros et de sa future petite amie. Le livre devient alors un beau roman d'amour juvénile jusqu'à ce que le récit nous ramène au point de départ. Ce ne sera pas la la dernière tergiversation du roman puisqu'il bifurquera très souvent vers d'autres sujets en rapport ou pas avec l'intrigue mais qui à force d'être fréquents deviennent répétitifs (les cheveux de Merrin seront décrits systématiquement à chaque apparition, les jeux de mots avec ''diable'' sont légion...) mais ne répondent finalement à aucune question cruciale et n'avancent pas particulièrement l'intrigue qui nous concerne. 

C'est là le principal défaut de Cornes: A force de partir dans tous les sens, il ne sait pas trop ou il va ni ce qu'il voudrait être? Un thriller surnaturel? Une Revenge Story? Une satire sociale sur les petites bourgades américaines en temps de crise?  Oui et non, il n'est pas assez de l'un et un peu trop de l'autre. Assez en tout cas pour déstabiliser le lecteur et entretenir une frustration grandissante. Hill choisit d'ailleurs de révéler l'identité du tueur très tôt dans son récit pour ménager un effet qui sera laissé à l'appréciation de chacun -mais qui n'a pas vraiment convaincu l'auteur de ses lignes-.  L'autre frustration arrive du fait que les personnages ne sont pas assez travaillés et leur psychologie est effleurée uniquement par le biais de flash-backs, y compris celle du personnage principal, sans doute la personnalité la moins travaillée de toutes, et celle avec laquelle le lecteur a le moins d'empathie. Un comble. 

A chaque page, Corne démontre le potentiel de l'énorme chef d'oeuvre qu'il aurait pu être. Le style est pourtant assez solide, les idées ne manquent pas et les personnages ne manquaient pas de perspectives et pourtant Hill se perd dans sa trame et envoie son dénouement un peu à la va vite dans un final poétique mais convenu et qui n'assouvira aucunement la soif de réponses aux questions que l'auteur n'a pas arrêté de soulever au cours du récit.  Restent quelques beaux moments ici et là et surtout, un portrait de Bad Guy anthologique, pervers retors et détestable à souhait, le seul qui tire son épingle du jeu.  Cornes reste assurément un bon roman par la somme de ses éléments, mais peine à convaincre en tant qu'oeuvre cohérente.  

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