Quatrième de couverture :
Il est beau garçon. Les yeux, surtout : gris pâle, étranges. Il habite un quartier pourri. Il gagne sa vie - plutôt mal - grâce aux tarots et aux dames d'âge mûr en mal d'espoir. Sa carte indique : McAllister Fain, Maître de l'Occulte. Au fond, c'est un charlatan.
Et puis, un jour, le coup de chance : un milliardaire amoureux et désespéré. Leanne, sa femme, est jeune et belle, mais elle est morte. Elle repose dans un caisson réfrigéré. Et le miracle : McAllister réussit là où les médecins ont échoué ! Leanne ouvre les yeux. Elle vit !
Les médias s'emparent de l'histoire. On flaire l'imposture et la bonne affaire. Mais quand McAllister ramène à la vie le petit Miguel, c'est la gloire. Et l'horreur. Car les morts n'aiment pas qu'on les dérange ...
La critique :
Décédé il y a deux ans, Gary Brandner était un auteur et scénariste américain spécialisé dans l'horreur . Bien que sa bibliographie compte plus d'une trentaine de romans et une centaine de nouvelles, il est surtout connu pour sa trilogie horrifique ''Hurlements'' dont le premier tome a été adapté au cinéma par Joe Dante. Il est d'ailleurs l'un des auteurs qui ont fait les beaux jours de la collection ''épouvante'' des éditions J'ai Lu.
Carrion, sorti en 1986 suit les aventures de McAllister Fain, un voyant un peu escroc sur les bords mais qui a un vague don dont il ne sait presque rien. Le hasard des choses et les grosses ficelles scénaristiques le placent sur le chemin d'un milliardaire qui lui demande de ressusciter sa femme contre une très grosse somme d'argent. Ce qui devait être à la base un canular s'avère un succès, Fain a bien la capacité de faire renaître les morts et il en fait un business lucratif.
« La mort se venge quand on la réveille »
Si l'idée de traiter le thème du zombie peut de nos jours tomber sous le sens -voir même causer une moue désapprobatrice tant ça frise l'overdose- en 1986, ça relevait de la nouveauté, du moins dans la littérature. Mais point de bouffeurs de cervelle ici, ni de chair fraîche, les revenants sont présentés comme des âmes en peine qui se transforment peu à peu en entités maléfiques et dangereuses. Le roman n'est jamais aussi prenant que lorsqu'il traite des lentes métamorphoses de ces revenants -putréfaction, penchants de plus en plus sanguinaires- et surtout l'impact de leur résurrection sur leurs proches.
Hélàs, l'auteur préfère se concentrer principalement sur sur les pérégrinations de son héros, fort sympathique au demeurant, mais qui n'a pas grand chose à raconter. On apprend qu'il a un pouvoir, on ne sait pas trop lequel jusqu'à ce que sa maman -présumée disparue- réapparaisse dans un Deux Ex Machina embarrassant pour lui expliquer que... et bien qu'il a toujours eu un don. Dès lors, la trame se concentre sur le parcours façon rise and fall de Fain, devenu une célébrité du jour au lendemain, un Jésus du 20ème siècle et qui se transforme en connard fini en prenant gout au pouvoir. Si cette partie du récit recèle pas mal de moments d'humour, on constate bien vite qu'elle prend bien trop d'espace, au détriment même de l'intrigue de base. C'est à se demander ce que voulait raconter au juste Gary Brandner. Heureusement, un dernier acte, un peu tardif, arrive à point pour emballer le tout dans un final assez original.
Carrion est un très bon moment lecture qui souffre certes de quelques baisses de régime mais qui offre pas mal de moments d'angoisse bien troussées, sans oublier un humour omniprésent pas déplaisant. Un très bon représentant de l'illustre collection culte J'ai Lu épouvante.
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